dimanche 31 décembre 2006


SPECIAL
Red Steel


Red Steel ayant été le tout premier jeu de la Wii à être présenté, il était normal que ce soit également notre tout premier test de la nouvelle console de Nintendo. Le jeu d’Ubisoft nous plonge dans une histoire de mafia japonaise remplie de fusillades et de combats aux sabres. Aiguisez donc votre Wiimote et rechargez votre Nunchak bande de Gaijins !

Quand Nintendo présente la spécificité de la Wii pour la toute première fois, les journalistes sont unanimes : la fameuse manette-télécommande de la Wii semble être parfaite pour les FPS, rappelant le pistolet infrarouge des jeux d’arcade comme Time Crisis ou Virtua Cop. C’est presque sans surprise que le premier jeu officiellement présenté soit un jeu de tir. La surprise venait du fait que ce premier jeu n’est pas de Nintendo, puisque c’est Ubisoft qui est en charge de le développer (et oui, des ch’tits français !). Nous l’avions testés il y a quelques mois et nos premières impressions sur les contrôles étaient assez mitigées. Mais c’est aussi le problème de la Wii, elle nous oblige à repenser notre manière de jouer, à trouver de nouveaux repères d’autant plus que les conditions d’essais n’étaient pas favorables à Red Steel.
Maintenant qu’on peut y jouer pépère chez soi, pas collé à l’écran et sans une meute de personnes dans le dos, il est temps de donner notre avis sur le jeu. Un avis qui prendra en compte à la fois la nouveauté qu’est la Wii et ses contrôles mais aussi surtout le jeu en lui-même, tel quel, comme si ça faisait déjà quelques temps que l’on jouait à la Wii.
Commençons par l’histoire de Red Steel. Il était une fois un jeune américain, Scott Monroe, sur le point d’épouser sa belle fiancée Miyu, fille d’un important homme d’affaires Japonais. Ce dernier leur rend d’ailleurs visite à Los Angeles, l’occasion pour les deux hommes de se rencontrer pour la première fois dans un prestigieux hôtel restaurant. Avant même que le héros (le joueur donc) n’aie eu le temps d’échanger le moindre mot qu’une horde de Yakuza s’attaque à Sato et kidnappe sa fille. Au joueur de tenter de sauver la princesse des griffes de Bowser… ah non, pardon, pendant un moment j’ai cru être dans Mario ! Au temps pour moi, reprenons.
L’introduction du jeu ainsi que toutes les cinématiques entre chaque niveau prennent la forme d’images fixes montées un peu à la manière de Max Payne, ce n’est d’ailleurs pas le seul point commun qui rapproche les 2 jeux mais nous y reviendront. L’histoire de Red Steel n’est pas réellement ce qui poussera le joueur à aller jusqu’au bout puisque de toute façon, le jeu se résume à gunfighter dans tous les sens ou à l’occasion sortir son sabre pour découper du samouraï. On passe son temps à tirer sur tout ce qui bouge, en se faisant même agresser par les méchants à coup d’insultes tel que « Gaijin », « bâtard » ou plus drôle, « d’assassin ».
En même temps, même si le scénario n’est pas des plus intéressants (ce n’est que vers la fin du jeu que l’histoire décolle), Red Steel à le mérite d’en avoir un contrairement à Black par exemple et puis le gameplay est suffisamment nerveux pour que l’on se préoccupe de savoir pourquoi on tire partout. Le jeu s’adresse avant tout aux amateurs de films d’action sans prise de tête (qui a dit le public américain ?) et on trouvera d’ailleurs quelques clins d’œil sympathiques comme cette phrase « je suis trop vieux pour ces conneries » par exemple. Un des points forts de Red Steel est de proposer de nombreux niveaux relativement variés même s’ils ne sont pas des plus originaux (sauf 1 peut-être). Le début se déroule à Los Angeles (l’hôtel, un salon de massage, un garage automobile ou encore un aéroport) mais très vite, le joueur sera amener au Japon et découvrira les ruelles de Tokyo, une banque, un port, un bar, des jardins traditionnels, un dojo ainsi qu’une salle de jeu (le niveau présenté à l’E3, différent par ailleurs) mais aussi un parc d’attraction complètement déjanté ! On ne reprochera donc pas à Red Steel d’être avare en niveaux. Mais la qualité elle, est toutefois plus inégale.

Le problème de la Wii reste sa puissance qui est en deçà de ce que l’on peut voir sur machine nouvelle génération. Mais nous étions déjà au courant de sa non performance technique, ce qui n’excuse pas tout ! Le jeu est loin d’être moche, mais il rappelle les performances de la Playstation 2 sans atteindre celles de la Xbox première du nom (alors qu’il était plus ou moins dit qu’une Wii valait 1 Xbox et demi…). On se retrouve donc avec des loadings nombreux et assez longs, de l’aliasing qui pétille, des textures parfois belles, parfois ternes. On rencontre quelques bugs par-ci par-là mais rien de bien grave. Par contre les effets visuels sont assez réussis : explosions, effets de lumière, effets de particules, étincelles… le jeu n’en est pas avar, permettant ainsi de cacher le design assez quelconque des personnages. Petite déception de côté, car très peu de personnages (pourtant nombreux) ont un charisme et comme vous ne verrez jamais le héros (hormis peut-être sa silhouette sur la jaquette américaine) impossible de le juger. Sans doute voulu pour mieux s’identifier au personnage. Le doublage en français est plutôt moyen on atteint parfois la caricature lors de certains discours. Et puis il faut noter que tel un Gordon Freeman (Half-Life) des familles, le héros est muet. Il rencontrera beaucoup de personnes sur sa route qui auront parfois de longs monologues avec lui mais jamais il n’en placera une. Cela permet sans doute d’apprécier la qualité sonore du titre.
Les thèmes musicaux sont presque toujours bien choisis (mention spéciale pour le parc d’attraction !) et leur dynamisme en fonction de l’action contribue beaucoup à la montée d’adrénaline lors des gunfights. Le level-design ne permet pas de sa balader librement dans de grands espaces mais les niveaux regorgent d’objets derrière lesquels on peut se planquer et recharger son arme lors des nombreuses gunfights.
Car comme d’autres jeux d’action du même calibre (je parlais tout à l’heure de Max Payne et de Black), Red Steel se contente de phases de shoot et rien de plus. Enfin si, il y a les fameux combats au sabre. Ceux qui n’ont pas encore essayé Red Steel seront peut-être amèrement surpris de découvrir que le jeu ne permet pas une liberté de mouvement totale. Il faudra faire des mouvements précis pour sortir des attaques. C’est-à-dire que vous aurez beau bouger très vite dans tous les sens, à l’écran vous n’aurez pas l’impression que vos mouvements sont respectés. En revanche, une fois que vous aurez assimilé le principe et surtout quand on commencera à apprendre des nouvelles techniques avec des adversaires intéressants, les phases de sabre deviendront plus plaisantes (voire difficiles pour les derniers niveaux). Le principe c’est qu’il y a 8 directions : vers le haut, le bas, la gauche, la droite et les diagonales et qu’il faudra placer le mouvement correctement pour voir le coup se déclencher.

Une fois le coup parti, alors on peut relancer un autre dans une direction identique ou différente. Mais l’apprentissage des nouveaux coups est trop tardif, ce n’est que vers la moitié du jeu qu’on apprend par exemple à frapper avec son épée et le tanto (petite lame permettant de parer les coups adverses). Sinon, l’ensemble des combats se déroulent de la manière suivante : j’attaque, je pare, j’attaque, je pare, tantôt j’essaye de placer un combo, tantôt une attaque spéciale, puis je pare, je frappe… jusqu’à la victoire. Le plus rageant c’est qu’un combat au sabre est inévitable, et qu’on ne pourra pas se la jouer à la Indiana Jones pour flinguer l’adverse. Non, par honneur le combat est inévitable. Ils deviennent monotones une fois que l’on a bien assimilé le principe expliqué plus haut. C’est dommage car au lieu d’apporter un peu de fraîcheur au gameplay, cela plombera un peu le rythme du jeu. Mais je me dois de revenir sur les phases de shoot, bien plus trippantes et intéressantes. L’arsenal du joueur est constitué d’armes basiques : flingue, shotgun, magnum, sniper, uzi, mitraillette. L’arme la plus originale reste ce fusil à pompe automatique pas très précis (mais ce n’est rien comparé aux piqûres de mouches de l’uzi).
Mon combo coup de cœur reste le shotgun et un pistolet. Je parle de combo car on ne pourra transporter que 2 armes à la fois, il faudra ramasser les armes sur les cadavres une fois le chargeur vide. Et pourquoi avoir choisi le pistolet alors que ça reste l’arme basique par excellence ? Tout simplement qu’une fois qu’on saura faire des headshots, elle sera sans doute l’arme la plus efficace du jeu. Les ennemis pourront être tués d’une balle à la tête (avec un son de tomate écrabouillée… jouissif et drôle ^^) mais on peut aussi les désarmer ! En effet, le jeu a le droit à son bullet-time. Quand la jauge de focus est remplie et en avançant le bras d’un coup sec vers la sensor-bar le jeu freezera vous permettant ainsi de tirer librement sur vos adversaires. Il sera possible de les désarmer : on freeze, on tire sur l’arme l’ennemi se rend, mais il faudra les soumettre en tirant près d’eux pour leur faire peur ou en leur indiquant le sol avec votre Wiimote. Sympa et très pratique ! Une fois l’adversaire soumis, vous ne pourrez pas le tuer lâchement. Red Steel est un jeu « gentil ». Je ne veux pas prôner la violence dans les jeux vidéo, mais quand un jeu est uniquement basé sur le tir et le combat au sabre, il est dommage de ne pas voir une seule goutte de sang ça rend le jeu trop propre, c’est presque dommage.
Mais autant viser large, Red Steel ne s’adresse pas qu’aux hardcore gamers (qui sauront s’amuser aussi d’ailleurs) mais aux gens qui découvriront la Wii et ses possibilités en terme de FPS. J’en parlais déjà dans les précédentes previews, Red Steel se démarque car il mélange la liberté du FPS et du jeu de shoot en arcade.
En gros, vous vous déplacez où vous voulez mais vous pouvez aussi bouger le bras partout sur l’écran. Déstabilisant au départ, mais pratique au final avec un pad comme celui de la Wii, il faudrait comparer à d’autres FPS aux contrôles classiques (arme fixe qui vise le milieu de l’écran) pour juger de son efficacité. L’apprentissage sera assez long surtout pour les habitués du FPS, mais on éprouve du plaisir quand on parvient à se mouvoir correctement et à enchaîner les tirs à la tête.

On n’oublie pas que la Wii est une console qui se veut conviviale. De ce côté-là, Red Steel déçoit par son mode multijoueur assez pauvre. Seulement 4 maps, aussi intéressantes soient elles, ne suffisent pas à maintenir les joueurs sur ce mode. Pourtant, outre le mode deathmatch et deathmatch en équipe assez classique, le jeu propose un mode original qui ne se joue qu’à 4. Les Wiimotes disposent tous d’un petit haut parleur, vous êtes lâchez dans le niveau et votre manette se mettra à sonner. Pressez un bouton et tel un informateur, une voix vous indiquera votre mission à suivre. Il s’agira de survivre, tuer une cible précise, défendre un personnage, tuer un personnage avec une arme précise ou plus fun, trouver le personnage mystère et le défendre ou le tuer. Un sonar indiquera si l’on se rapproche de la cible en question.
Sympathique, il faudra explorer les niveaux à la recherche de planques ou des armes les plus efficaces. Il faudra aussi se servir du bonus spécial qui remplace ici le freezeshot dans la commande pour le déclencher. Soit on devient plus fort, soit plus résistant, soit on porte plus de munitions etc… Il sera aussi possible d’assommer l’adversaire à coup de tanto, ce qui lui ôtera un point si vous décidez de ne pas le flinguer pendant qui est dans les choux. Dommage donc, car le multi est sympa à jouer mais son contenu est trop faible. Il rappellera pourtant XIII ou même Goldeneye (tant au niveau graphique que lors de certains affrontements), mais bridé de la sorte (sans mauvais jeu de mot) on se lassera rapidement des 4 maps disponibles. Un point à corriger… dans Red Steel 2 peut-être ?

Pour un premier FPS sur Wii voire même le premier jeu annoncé sur Wii, Red Steel ne s’en sort pas si mal. On lui pardonnera son gameplay relativement basique et sa linéarité car il propose en contrepartie une action soutenue et une bonne ambiance d’un film Hollywoodien des années 90. Mais il reste des points noirs à voir, notamment les combats au sabre, qui auraient du faire valoir le potentiel des possibilités de la Wii. Avec les rumeurs qui courent sur le net, on se doute déjà que ces points seront corrigés pour un Red Steel 2.

Aucun commentaire: